C’est avec un très grand plaisir que nous accueillons Jérôme Nanchen dans notre rubrique. Jérôme est un éminent psychologue du sport et il coache de nombreux sportifs. Jérôme est également un passionné de montagne et un amoureux de la nature. Il vit en Suisse avec ses trois adorables enfants et sa tendre épouse. Profitez de son expérience !
Quelques généralitésUne via ferrata n’est pas anodine, encore moins pour les enfants; nous avons un peu tendance à minimiser, à relativiser les Via Ferrata, sous couvert de sécurité et de facilité…
Une difficulté AD = AD pour les adultes; essayez avec 30 à 50% d’amplitude en moins, avec moins d’expériences motrices et une familiarisation moindre avec le gaz; toutes les dimensions perçues le seront à une tout autre échelle par les enfants
Il n’y a que la technique d’escalade, moins exigeante, et les prises (plus grandes et plus disponibles) qui sont facilitantes; les autres paramètres demeurent…La Technique Prévoyez une sangle spéciale pour enfant; celles d’adulte peuvent ne pas assez amortir et entraîner des lésions très graves en cas de chute Veuillez à entraîner et à répéter, au sol, les manipulations des mousquetons, voire de la corde d’assurage (cf. pt suivant) Corde: un bout de corde pour assurage par le haut par un adulte, avec corde mise dans les queues de cochon Repos: mousqueton au pontet du baudrier, pour se vacher et s’y laisser choir en cas de fatigue
PratiquePrévoyez une Via ferrata avec échappatoire en cours d’ascension; la grande assurance et les certitudes du début peuvent ne pas durer Repos: pauses plus fréquentes, avec alimentation et hydratation suffisantes Temps: multipliez le temps de course donné par 1,5, pour respecter le rythme et les caractéristiques de l’enfant
MentalPerception: la perception des événements par les enfants n’est pas du tout la même que celle des adultes ; rappelez-vous comme une pièce aujourd’hui anodine vous a paru énorme à 7 ans… Les enfants vivent des émotions amplifiées, parfois amplifiantes, au risque d’être submergés par elles L’enfant n’est pas un adulte en miniature, encore plus du point de vue des compétences mentales ; il a ses caractéristiques propres, à prendre en compte absolument ; l’adultomorphisme est un leurre, aussi en Via Ferrata ; l’enfant est un novice en tout, alors que l’adulte peut transférer ses expériences d’un domaine à un autre Permettez à l’enfant d’évoluer dans sa zone proximale de développement, c’est-à-dire qu’on peut le pousser un peu, mais en tenant compte de ses compétences actuelles ; ne pas le brusquer ou lui proposer de sauter des étapes de manière anticipée ; important dans les domaines des capacités de concentration (plus réduites dans le temps), de la gestion des émotions (moins rationnelle), de la gestion du stress (moins différenciée) Soyez attentif aux signaux de stress : plaintes, crispations, blocages, pleurs, … ; signes de ses limites actuelles Les motivations de l’enfant pour une Via Ferrata peuvent être intrinsèques (elles viennent de lui-même, de son envie, de son plaisir à affronter une falaise) et sont, dans ce cas, solides et peu remises en cause ; elles peuvent aussi être extrinsèques (pour faire plaisir aux parents, pour leur fierté, pour faire comme eux, pour répondre à des attentes). Dans ce cas, elles ne seront pas forcément suffisantes pour mobiliser toutes leurs compétences et pourraient s’effriter à la première difficulté
Conclusion Pour l’enfant, il est important : d’apprendre la confiance et le sentiment de contrôle, pas la peur de vivre le plaisir du mouvement, de la compagnie, de la maîtrise ; pas la hantise de la prochaine difficulté d’expérimenter le vide et ses exigences avec respect, avec une connotation positive, que l’enfant va demander de renouveler ; le « plus jamais ça » conclusif de la sortie en VF augure mal de la suite de la pratique… Pour la relation parent - enfant, on peut dire qu'elle est souvent teintée de l'ambition des parents, plus ou moins saine et consciente, que leurs enfants rattrapent ce qu'ils n'ont pas réussi de leur propre chef; cet effet de transfert des attentes, d'une génération à l'autre, peut être la source de dérives importantes; le souci que leur enfant fasse des choses hors de l'ordinaire, satisfasse leur ego et porte haut les couleurs de la famille autorisent certains parents à des excès peu en rapport avec la réalité de leur enfant. Par Jérôme Nanchen, pour ViaFerrata.Org | 


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